ARCHÉOLOGIES MAROCAINES.
DOCUMENTATION ET ÉTUDE D’UNE DISCIPLINE MARGINALE
La discipline archéologique au Maroc est déjà centenaire depuis 2015. Il est nécessaire d’en faire l’histoire. Cet intérêt gagnerait, en outre, à éclairer le passage d’une « science coloniale » à une « science postindépendance ». Le régime politique du Protectorat, analogue en Tunisie et au Maroc contrairement à l’Algérie différemment liée à la France, a pesé de tout son poids sur ce passage aussi bien au niveau de ses conditions qu’au niveau de la suite réservée à l’archéologie dans les pays nouvellement indépendants. Au Maroc, le double Protectorat de fait (France et Espagne) ajoute à la complexité d’une situation particulière tout en pesant sur le sort des héritages institutionnels et scientifiques français et espagnols après l’Indépendance.
Par ailleurs, nul intérêt n’a été consacré, à ce jour, à retracer l’histoire ni à comprendre le processus d’inscription en terre marocaine de la discipline archéologique. Il est donc peu aisé, aujourd’hui, de reconstituer la généalogie non seulement des hommes et des femmes qui l’ont faite mais aussi et surtout des idées et des débats qui l’ont traversée. Le présent projet de recherche s’intéresse à l’histoire de l’archéologie au Maroc en tant que discipline scientifique qui éclaire les périodes anciennes de l’histoire du pays et plus largement de l’humanité. Dans un premier temps, il s’intéresse à la période postindépendance (de 1956 à nos jours) afin de tirer profit des récits de témoins et d’acteurs vivants autant que des archives et autres publications. Il serait, en effet, profitable de solliciter l’ensemble des générations d’archéologues marocains afin de bénéficier de leur témoignage de première main. La recherche s’inscrit dans le cadre d’une réflexion plus large qui entend éclairer la place qui revient à l’archéologie dans le Maroc d’aujourd’hui.
La recherche menée sur l’archéologie marocaine est une recherche sur des archéologues, des femmes et des hommes qui ont été attirés par cette discipline et qui en ont fait à la fois une profession et une passion. Ce sera un travail à la fois biographique, bibliographique et de terrain. Il sera basé sur les méthodes suivantes :
Des entretiens directs, si possible avec l’ensemble des archéologues retraités et encore en activité à l’INSAP et dans les quelques universités qui comptent quelques uns d’entre eux.
Une analyse détaillée des curriculum vitae des archéologues qui auront accepté de soumettre le leur à cet exercice. Il sera question d’extraire de ces documents toutes informations à caractère professionnel concernant les intéressés : parcours universitaire, expérience professionnelle, publications, engagement associatif. Les données personnelles ne seront ni utilisées ni communiquées à des tiers (âge, situation matrimoniale, enfants, adresse personnelle …).
Une analyse quantitative et qualitative d’une sélection représentative des écrits des archéologues aussi bien dans les publications de l’INSAP que dans d’autres livres, revues et supports nationaux et internationaux.
Quelques entretiens (en direct ou par courrier électronique) d’archéologues étrangers qui travaillent sur le Maroc avec des homologues marocains afin d’apporter un éclairage extérieur sur l’archéologie marocaine.
Un travail de terrain proprement dit qui consistera à suivre une équipe sur le chantier de fouilles archéologiques.
Des entretiens complémentaires avec d’autres acteurs qui interviennent ou sont appelés à intervenir dans le champ de la recherche archéologique : étudiants, ouvriers, gardiens, chauffeurs, entre autres.
Institutions impliquées :
Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine (INSAP).
Centre Jacques Berque (France).
Equipe :
Ahmed Skounti ; étudiants du Master Diversité culturelle et patrimoine 2017-2019 (Imane Akka, Chaymae Belkhaoua, Zainab Diouri, Fatima Ezzahrae El Aïssi, Hajar El Bakkari, Imad Eddine El Mouatazz, Abdellah Faddah).
Durée : 2019-2020.