La fouille du site dit Moulay Driss est une opération de sauvetage menée par l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine en collaboration avec la Société Nationale des Autoroutes du Maroc (la SNAM), l’Association Marocaines d’Art Rupestre (l’AMAR, Rabat) et l’Institut National des Recherches Archéologiques Préventives (France). L’objectif était de mener un diagnostic du potentiel archéologique du site, de procéder à une fouille de sauvetage des zones menacées, d’en enregistrer les différents niveaux archéologiques, d’en appréhender la nature et d’en approcher le rôle historique.
Moulay Driss est un marabout que la mémoire collective rattache à Idriss 1er, fondateur de la dynastie idrisside. La légende se confond avec les faits historiques. Elle rapporte que Moulay Driss, dans sa quête d’un lieu pour bâtir sa nouvelle cité (la future Fès) s’est installé sur le site avant de s’apercevoir qu’il est vulnérable et de décider d’aller poser la première pierre sur le site de l’actuelle ville de Fès.
Le site se situe dans le territoire de la commune de ‘Ayn Chgag (province de Moulay Ya’qoub), à 20km au sud-ouest de la ville de Fès. Il occupe un terrain légèrement en pente orienté du sud-ouest vers le nord-est. En juillet 2007, une équipe d’archéologues a effectué une étude d’impact du tracé du projet de l’autoroute qui va relier Fès à Taza. La prospection au sol a permis d’identifier plusieurs sites menacés dont le plus important est celui dit Moulay Driss. Le matériel jonchant la surface de ce dernier offre une concentration remarquable. Il se compose de mobilier datant de l’époque islamique constitué de fragments de céramique glaçurée et commune, de briques cuites, des éléments de zellige décoratif, et des morceaux de meules de différentes tailles. Par endroit, le site présente plusieurs structures maçonnées apparentes dont les plus importantes sont une bâtisse en moellons encore conservée sur une hauteur de plus de 80 cm, deux pans de murs construits en pisé très dur, et un vaste cimetière situé à moins de 500 m au sud-est du site et s’étendant sur un terrain de plus d’un hectare et demi. D’après les données de ramassage de surface, la superficie du site a été estimée à 2 hectares et son occupation remonterait à la période mérinide (VII-IX H./ XIII-XVe ap. J.-C.).
Pour ne pas bloquer le chantier de l’autoroute et libérer l’emprise du projet, les investigations ont été organisées en trois grandes opérations. La première a consisté en une fouille de sauvetage de la moitié de l’emprise de l’autoroute. En se basant sur la concentration du mobilier de surface et les structures visibles, l’équipe d’archéologues a procédé au décapage systématique des couches et à l’enregistrement des différents niveaux d’occupation qu’a connus le site. La seconde opération a eu pour objectif la détermination des limites de la zone archéologique située dans l’emprise du projet de l’autoroute. A l’aide d’une pelle mécanique à godet lisse, plusieurs tranchées dont la largeur ne dépasse pas 1.20m ont été creusées au nord, au sud et à l’est de la partie du site située entre les deux voies de service de la future autoroute. La troisième action avait pour but l’extension des investigations autour du site et l’exploitation de tous les indices de surfaces sur une superficie de 17 hectares (pans de murs, céramiques, briques cuites, zellige, fragments de meules, tuiles …etc.) afin d’établir un système d’informations géographiques (SIG). L’analyse des données a permis ainsi de dresser une carte archéologique de l’intégralité du site. Celui-ci est plus important qu’on le pensait. Il s’étendrait sur une superficie d’au moins 7 hectares couverts de mobilier témoignant d’une longue et importante occupation humaine. Elle remonterait au Xe siècle (monnaies et lampes) avec un essor sous les dynasties almohade (XII-XIIIe siècles), mérinido-wattaside (XIII-XVIe siècles) et saâdienne (XVI-XVIIe siècles) avant de décliner sous la dynastie des Alaouites.
Institutions impliquées
Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine (INSAP).
Société Nationale des Autoroutes du Maroc (la SNAM).
Association Marocaines d’Art Rupestre (l’AMAR, Rabat).
Institut National des Recherches Archéologiques Préventives (France).