Le Coude du Draa,
durant la Protohistoire et le Haut Moyen Age
Organisations sociales,
gestion des territoires et contacts transsahariens.
Le Projet Coude du Drâa (Middle Draa Project) est une étude diachronique et interdisciplinaire de l’archéologie et du patrimoine de l’Oued Drâa. Bien qu’il constitue l’une des oasis les plus importantes du Sahara, l’Oued Drâa n’a jusqu’à présent pas fait l’objet de beaucoup de recherches archéologiques, et relativement peu a été publié sur son patrimoine.
L’objectif général du projet était d’effectuer un travail de prospection préliminaire dans les régions du Coude de la vallée du Drâa, avec pour but d’échantillonner un éventail de types de sites aussi large que possible, et d’inclure des exemples représentatifs de toutes les périodes, de l’époque préhistorique à l’époque moderne, mais avec une attention particulière aux phases protohistoriques et du haut Moyen Age. Un desideratum clé était de mettre en place les fondations d’une chronologie régionale, à la fois par l’étude directe de la céramique recueillie sur les sites visités, mais aussi par un programme de datation absolue de matière organique trouvée dans les murs, surfaces et sondages à de nombreux sites.
La population protohistorique de la vallée a toujours été entourée d’un certain mystère et leur image a été influencée par les hypothèses véhiculées à l’époque coloniale, décrivant un peuple primitif à tendance nomade. Jacques-Meunié avait bien suggéré une histoire préislamique de la vallée, mais elle manquait de données archéologiques concrètes.
L’une des questions initiales de ce nouveau projet était de savoir si l’on pouvait observer dans le sud du Maroc un développement précoce et extensif de l’oasis, ou même une urbanisation à l’époque préislamique, comme on en trouve chez la civilisation des Garamantes au Sahara central. La présence tout au long de la vallée du Drâa, de tumuli funéraires et de villages perchés de morphologies diverses, a permis de développer des hypothèses pouvant être testées par une étude archéologique plus approfondi de ces sites et d’autres sites connexes. Nous avons aussi pensé que l’utilisation de méthodes de datation scientifiques pourrait aider à affiner la chronologie des nombreux sites médiévaux bien préservés qui se trouvent le long de la vallée, en prenant comme référence une étude similaire de certaines oasis protohistoriques et islamiques de Libye.
La période protohistorique a livré des résultats très intéressants. Nous avons identifié de nombreux sites sédentaires préislamiques sur des collines fortifiées, présentant souvent des murs ou des enceintes défensives et contenant des enclos et des bâtiments curvilignes
L’Oued Drâa est remarquable par le nombre et la densité de ses monuments funéraires préislamiques, principalement des tumuli circulaires de formes variées. Leur repérage, à partir des images satellitaires disponibles, a permis d’identifier au moins 5,600 tumuli funéraires dans la seule région de ktawa avant le début des prospections pédestres.
Institutions impliquées :
Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine, Maroc
University of Leicester, Leicester – Royaume Uni
Responsabilité scientifique :
Youssef Bokbot, INSAP – Rabat
David Mattingly, University of Leicester, Leicester – Royaume Uni