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Paysages gravés

Aux fondements de la composition graphique sur le temps long

l’art rupestre présaharien au gré des mutations sociétales, culturelles et paysagères

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L’art rupestre est une archive vivante. Il permet de documenter les métamorphoses des sociétés et des cultures (de la préhistoire au contemporain), changements qui engendrent ou affectent des processus cognitifs et culturels. Il porte sur trois sites de gravures rupestres, deux au Maroc (le Yagour dans le Haut Atlas et Azrou Klan dans le sud présaharien) et un en Égypte (près d’Assouan, dans le désert Oriental). La démarche adoptée repose sur quatre orientations :

– Une archéologie du paysage

À travers l’approche comparée d’éléments gravés, il est attendu d’éclairer l’existence et, le cas échéant, la qualité des relations et des échanges entre ces aires géographiques. Les régions présahariennes du Maroc et d’Égypte connaissent des conditions écologiques comparables dès les périodes préhistorique et protohistorique (période des premières gravures), mais des organisations sociales qui vont très tôt emprunter des chemins différents. Dans quelle mesure les « paysages gravés » permettent-ils d’informer et de préciser les trajectoires historiques de groupes sociaux et leurs relations à l’environnement ?

– L’archéologie des images et l’anthropologie des signes graphiques

Les questions habituellement soulevées par l’archéologie au sujet de l’art rupestre (datations, courants stylistiques, rattachement à un complexe culturel, dynamiques de peuplement, interprétations) sont adoptées. Elles sont alimentées par l’apport d’autres disciplines, comme l’anthropologie, la géographie, l’histoire ou l’écologie. Cette approche met l’accent sur les problématiques phénoménologiques et cognitivistes que soulève ce mode d’expression.

– Une étude des contextes rupestres contemporains

Les contextes contemporains de l’art rupestre, souvent négligés, font l’objet d’une attention particulière : les représentations que s’en font les populations locales, les traditions orales les concernant, les productions récentes de gravures, les pratiques agropastorales et le rapport à l’espace et aux ressources des groupes sociaux cohabitant avec les sites d’art rupestre.

Une telle approche comporte divers enjeux : le premier est de mieux comprendre les relations que les populations fréquentant les sites rupestres établissent entre les gravures et leur environnement, par une analyse des discours (possiblement en contexte rituel), représentations et pratiques relatifs aux territoires, aux ressources et à l’environnement. Ensuite, les gravures sont une forme d’expression qui permet d’une part l’inscription dans l’environnement de référents culturels d’un groupe social et par ailleurs diverses appropriations dans le temps par divers groupes sociaux ou générations.

 

Mots-clés : gravures rupestres, paysages, longue durée, Maroc, Egypte

Institutions impliquées :

Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine (INSAP).

Institut de recherche pour le développement (IRD, Franca).

Université d’Aix-Marseille (France).

Equipe de recherche :

Pour l’INSAP : Ahmed Skounti, coordinateur ; Naïma Oulmakki ; Abdelkhalek Lemjidi